Le renforcement de capacités au Maroc par HAMAP-Humanitaire
Malgré un taux d’accès aux services d’eau et d’assainissement satisfaisant au Maroc, il subsiste un retard dans les zones rurales confrontées à un manque de moyens financiers, techniques et organisationnels pour développer ces services sur les douars (villages) de leur territoire. Si les infrastructures d’accès à l’eau existent souvent, les communes rurales, maitres d’ouvrages, et les associations d’usagers à qui elles délèguent la gestion, ne disposent pas des savoir-faire ni des équipements nécessaires à assurer la gestion pérenne de ces services.
C’est dans ce contexte qu’HAMAP-Humanitaire, en partenariat avec l’association locale « AKHIAM » pour le développement socio-économique de la Vallée d’Imilchil, a conçu et accompagné un projet de renforcement des capacités d’intervention et d’organisation de 16 comités villageois de gestion de l’eau œuvrant dans 16 douars (villages) de la Vallée d’Imilchil, dans le Haut Atlas marocain.
Contexte local
Les 16 villages sont parmi les plus élevés et isolés du Maroc, situés dans les montagnes du Haut Atlas marocain entre 2200 et 2400 mètres d’altitude. Les 16 villages dénombrent environ 15 000 habitants. Le climat y est glacial en hiver (jusqu’à -10°), les indicateurs socio-économiques parmi les plus faibles du Royaume, provoquant une émigration massive des jeunes, notamment ceux désirant accéder à des études supérieures et de meilleures perspectives économiques.
Concernant l’accès à l’eau potable, chaque village dispose d’un système d’alimentation via un forage dont la profondeur est comprise entre 25 et 120m, un réservoir, assorti d’un réseau de distribution gravitaire et de branchements domiciliaires. Cependant, depuis la mise en service de ces petits réseaux au début des années 2000, les populations constatent une dégradation rapide des installations liée à une gestion et une maintenance défaillantes. La gestion des réseaux a été laissée aux comités de gestion villageois en auto-gestion, sans formation ni équipement adaptés et sans accompagnement financier ou technique des services de l’état pour répondre à leurs besoins. L’entretien des réseaux se fait avec du colmatage en utilisant des moyens rudimentaires et inappropriés : le plus souvent de simples chambres à air ou du caoutchouc de récupération. L’émission et le recouvrement des factures sont aléatoires, mal répertoriés et de nombreux litiges opposent les habitants aux comités, qui sont incapables d’apporter des améliorations aux disfonctionnements de plus en plus nombreux et importants sur les réseaux.
Les actions réalisées
- Réalisation d’une campagne de diagnostic et de sensibilisation.
Ces rencontres ont permis d’évaluer le niveau de gestion administrative et comptable des 16 associations concernées, qui laisse très fortement à désirer (absence de compte bancaire, de fichier de suivi des factures, manque de renouvellement des membres etc…). Par ailleurs, ces échanges inter-associations ont suscité des partages d’expériences propres à une meilleure mutualisation de bonnes pratiques. En même temps, chaque village a désigné une personne ressource pour être notamment formée en plomberie.
- Déroulement d’un programme de formation « sur mesure »
- Formation juridique et administrative des associations : la connaissance des obligations juridiques des membres, la nécessité de la production de PV de réunion, de rapports financiers, de tenue d’AG, d’ouverture d’un compte bancaire, l’obligation d’usage de matériels idoines lors des branchements ou interventions, la gestion des litiges et procédure juridique
- Formation numérique pour la gestion d’un budget et le suivi de facturation : Chaque association a été dotée d’un ordinateur muni d’une imprimante. Ces unités sont dotées d’un logiciel simple et adapté à un usage facile pour la saisie, le suivi de la facturation, l’archivage et la traçabilité des recettes et des dépenses. Une formation sur l’utilisation a été organisée pour chaque association et un mode d’emploi leur a également été délivré. AKHIAM accompagne sur la durée les associations qui éprouvent des difficultés dans sa pratique.
- Formation technique pour le contrôle des branchements et la réalisation des opérations de maintenance (dont la réparation de fuites) : un plombier par village a été formé et outillé pour intervenir efficacement en cas d’intervention simple notamment les techniques de raccordements domiciliaires et la détection et réparation de fuites dans les réseaux. Pour leur donner les moyens d’actions nécessaires, 16 valises contenant outils et matériels de base indispensables (pinces, chalumeau, perceuse etc…) pour l’intervention des plombiers sur le réseau, ont été remises aux associations. En parallèle, un stock de matériels d’entretien et de renouvellement des réseaux de distribution est disponible au niveau de chaque association dissuadant ainsi le recours des particuliers à l’achat de matériels de mauvaise qualité et aux interventions de fortune. Chacune dispose de 160 mètres de canalisations PEHD et 10 compteurs volumétriques individuels ainsi que les accessoires nécessaires au raccordement (raccords, coudes etc…). Les recettes issues des ventes de matériels aux particuliers seront réinvesties pour la reconstitution de nouveaux stocks. Pour la réalisation de recherche de fuites, 3 appareils de détection ont été délivrés aux 16 associations et deux pompes immergées sont également à disposition des associations en cas de panne.
Conclusions/ résultats atteints
A court terme, les 16 associations ont bénéficié d’un solide programme de formation pour acquérir les rudiments nécessaires en matière d’organisation du service et d’intervention technique sur les réseaux. Les outils et équipements de base, qu’ils soient numériques ou physiques, sont désormais disponibles au sein des villages pour sauver les SAEP d’un effondrement prévisible.
A plus long terme, le projet, grâce à son ancrage local fort, incarné par l’association phare de la Vallée d’Imilchil, a réussi a entrainé l’ensemble des parties prenantes et des autorités présentes sur le territoire (communes d’Imilchil et de Bouzmou, le Gouverneur de la Province de Midelt, les services hydrauliques de la Province, des représentants de l’ONEE), pour mettre en place un cadre de réflexion et d’action commun pour discuter de la gestion de l’eau, articulé autour du nouveau Conseil de l’Eau de la Vallée.
Par ailleurs, Il est à souligner que, par effet d’entrainement, certains travaux prioritaires identifiés dans le cadre de ce projet, ont été financés par la Province elle-même : l’extension du réseau dans deux des villages cibles et la rénovation d’un forage impropre dans un troisième.
En ce qui concerne le partenariat HAMAP-AKHIAM, une duplication de ce projet à de nouveaux villages de la Vallée est en phase de co-construction à partir des conclusions ici résumées.
Le projet a été réalisé avec le soutien de :