Cambodge – accès à l’eau potable dans le bassin du Stung Sen
Dans le bassin du Stung Sen, au Cambodge, les communes rurales de Reaksa et de Tang Krasov font face à des enjeux majeurs autour de l’eau, que cela soit en matière d’accès à l’eau potable, d’assainissement et d’hygiène. L’absence d’infrastructures adaptées, la mauvaise qualité des services existants et des pratiques sanitaires limitées exposent les populations à des risques sanitaires et menacent les milieux naturels. Pour répondre à ces défis, HAMAP-Humanitaire a lancé en novembre 2022 un projet pluriannuel en partenariat avec l’ONG locale Rain Water Cambodia (RWC), les autorités locales, et avec le soutien de l’Agence de l’Eau Rhin Meuse, de Toulouse Métropole et de la Fondation David Hadida. Le projet a apporté une réponse aux enjeux autour de l’eau en s’appuyant sur trois axes complémentaires : la construction d’infrastructure, le renforcement des capacités de gouvernance locale et le développement des connaissances en matière d’hygiène. Ces objectifs visent à autonomiser les communautés dans la gestion des services d’eau et des ressources, et à contribuer à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable de l’Agenda 2030 des Nations Unies.
Le projet a permis la mise en place d’un système complet d’approvisionnement en eau potable dans les communes de Tang Krasov et Reaksa. À Tang Krasov, un forage de 70 mètres de profondeur a été réalisé, associé à la construction d’un château d’eau d’une capacité de stockage de 45 m³, fournissant une quantité d’eau suffisante pour 250 à 300 ménages. Ce système est relié à 7 884 mètres de canalisation, alimenté par une pompe hybride fonctionnant à l’énergie solaire. Il assure un approvisionnement régulier pour 141 ménages, soit plus de 700 personnes. À Reaksa, le réseau existant a été étendu de 800 mètres supplémentaires, permettant le raccordement de 14 ménages additionnels. Le coût du service a été pensé pour rester abordable, tout en assurant la viabilité économique du dispositif. Sur le volet assainissement, 150 latrines familiales ont été construites dans les deux communes. La sélection des bénéficiaires a priorisé les ménages en situation de vulnérabilité (revenus instables, familles nombreuses, veuves, personnes en situation de handicap). Chaque ménage a été formé à l’usage et à l’entretien de ces équipements, afin d’en garantir la durabilité et de prévenir les risques liés à la contamination de l’environnement.
Le projet a aussi investi dans le développement des capacités locales de gouvernance. À Tang Krasov, un comité de gestion de l’eau a été créé et élu. Composé de 20 membres, il a été formé à la gestion administrative, technique et financière du service (suivi de fonctionnement, relevés, facturation, rédaction de rapports). Ces formations ont été dispensées par l’équipe technique de RWC. Un processus de transfert progressif des responsabilités vers l’Association pour l’Eau Potable du Bassin du Stung Sen (AEPSS) est en cours, afin d’intégrer la gestion locale dans un cadre institutionnel plus large. RWC a également animé six réunions de suivi trimestrielles avec les autorités locales, et a participé aux groupes de travail techniques sur la gestion intégrée des ressources en eau du bassin en 2023 et 2024.
La sensibilisation a constitué un autre axe majeur du projet. Des campagnes d’information ont été menées auprès des ménages pour présenter les objectifs du projet, informer sur l’avancement des travaux, échanger sur les modalités de raccordement et discuter des tarifs. Un atelier de lancement a notamment été organisé à Reaksa, réunissant les parties prenantes pour partager les résultats de l’enquête initiale et discuter des enjeux avec les habitant.e.s. Par ailleurs, des sessions de formation aux bonnes pratiques d’hygiène et de santé publique ont été organisées dans les villages, les écoles et les lieux publics. Elles ont permis de toucher plus de 11 000 personnes, incluant élèves, enseignants, représentants communautaires et usagers.
Dès sa conception, le projet a intégré un dispositif de suivi et d’évaluation permettant de mesurer les résultats atteints, d’identifier les points d’amélioration et de renforcer les capacités locales en matière de pilotage. Une première enquête de référence a été menée en novembre 2022 auprès de 130 ménages des deux communes afin d’identifier les besoins, les attentes et les pratiques liées à l’eau. Cette enquête a servi de base pour la planification des activités et le ciblage des bénéficiaires. Des réunions de coordination trimestrielles, pilotées par RWC, ont permis de maintenir une dynamique d’échange avec les parties prenantes. Le projet a également bénéficié d’un partenariat de compétences avec l’École nationale supérieure des Arts et Métiers d’Angers. Trois étudiants en ingénierie ont été mobilisés sur le terrain pour appuyer les activités de suivi technique, réaliser des relevés de performance et contribuer à la formalisation d’outils de gestion. En complément, une évaluation externe indépendante a été menée par un consultant local. Cette évaluation s’est appuyée sur des entretiens semi-directifs et des enquêtes auprès des bénéficiaires, des autorités locales et des membres des comités de gestion. Elle a permis de valider la pertinence des actions menées, de documenter les impacts directs du projet, et d’identifier des pistes d’amélioration pour renforcer la pérennité du service.
Le projet mis en œuvre à Reaksa et Tang Krasov a permis d’améliorer concrètement l’accès à l’eau potable, à l’assainissement et aux bonnes pratiques d’hygiène, tout en renforçant les capacités des acteurs locaux à gérer durablement ces services essentiels. Au-delà des réalisations techniques, l’approche choisie — centrée sur la formation, la gouvernance locale et la participation des usagers — a permis de poser les bases d’une gestion autonome et responsable des infrastructures mises en place. Afin de consolider les acquis, HAMAP-Humanitaire et Rain Water Cambodia envisagent une nouvelle phase d’extension du réseau de distribution à Tang Krasov. L’objectif est d’atteindre 75 % de ménages raccordés, contre 25 % actuellement. Cette augmentation du nombre d’abonnés permettrait d’optimiser les volumes d’eau vendus, d’envisager une baisse progressive du tarif au mètre cube, et de renforcer la viabilité économique du service à long terme.
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