Les missions Eau, Assainissement et Hygiène au Sénégal

L’accès à l’eau potable et à l’assainissement est un enjeu majeur au Sénégal. Si des progrès ont été réalisés ces dernières années, notamment en milieu urbain, les zones rurales souffrent encore d’un manque d’infrastructures et font face à des difficultés dans le maintien de la gestion des ouvrages hydrauliques ruraux. Face à cette situation, de nombreux projets voient le jour, mais l’expérience montre que sans une gestion adaptée, sans implication des populations et sans planification à long terme, les infrastructures peuvent rapidement devenir obsolètes ou inopérantes. 

Chez Hamap-Humanitaire, nous sommes convaincus que la construction d’infrastructures n’est que la première étape d’un projet réussi. Présent.e.s au Sénégal depuis 13 ans, nos actions à Sandiara, Bokiladji et Vélingara illustrent ces défis sous différents angles. À Sandiara, l’objectif ne se limite pas à fournir de l’eau mais à construire un véritable schéma directeur hydraulique visant à répondre à l’objectif fixé par les partenaires : l’accès universel à l’eau pour la population de la commune. À Bokiladji, le projet doit non seulement répondre à un besoin urgent d’eau potable, mais aussi sensibiliser et accompagner la population vers une gestion durable des infrastructures. Enfin, à Vélingara, nous travaillons sur l’assainissement, un enjeu crucial pour la santé publique, en collaboration avec les autorités locales et les populations pour la gestion des infrastructures sanitaires publiques.  

Ces trois initiatives nous permettent de comprendre comment aller au-delà de la simple construction d’infrastructures pour assurer une gestion durable et inclusive de l’eau et de l’assainissement au Sénégal. 

Sandiara : Intégrer l’eau et l’assainissement dans un développement territorial global 

Un des objectifs affichés de la municipalité de Sandiara est l’accès universel à l’eau pour l’ensemble des 28 localités de la commune. Certaines d’entre elles, comme Louly Ngogom, ne disposait pas d’infrastructure d’adduction hydraulique avant notre intervention, sous l’impulsion de la coopération entre Sandiara et le SIVOM SAGE. Les infrastructures sanitaires étaient également insuffisantes, notamment dans les écoles, posant un problème majeur de santé publique.  

La coopération entre le SIVOM SAGE et Sandiara a permis de constituer un programme autour de l’amélioration de l’accès à l’eau et l’assainissement, d’abord par la réalisation des études avant-projet (phase 1) et l’extension du réseau hydraulique pour trois villages (phase 2). 

La troisième phase de projet comprend trois volets essentiels : l’extension du réseau d’eau potable et le branchement des ménages des localités de Louly Ndia, Khao Peulh et Garage Diakhère, la réalisation d’un schéma hydraulique de l’eau pour la commune, la construction de sanitaires et la mise en place d’un dispositif de récupération des eaux usées.  

Ce projet est soutenu par l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, la Région Occitanie, le SIVOM SAGE, le ministère des Affaires étrangères français et le ministère des Collectivités territoriales sénégalais. 

Là où ce projet va plus loin, c’est qu’il ne constitue qu’une première pierre d’un programme plus ambitieux : l’accès universel à l’eau pour toutes les localités de la commune.  

Sécuriser l’accès à l’eau et autonomiser la population à Bokiladji 

À Bokiladji, les habitant.e.s souffrent d’un manque d’accès à l’eau potable, les obligeant à parcourir plusieurs kilomètres pour s’approvisionner. Cette situation engendre deux conséquences majeures. D’abord, elle est génératrice d’inégalités car ce sont les femmes et les enfants qui doivent parcourir entre 3 et 5 km pour chercher de l’eau dans des marigots et mares, souvent peu traitée et filtrée seulement avec des tissus. Les allers-retours quotidiens, parfois jusqu’à trois fois par jour, entraînaient des douleurs physiques et peuvent porter atteinte à la sécurité des femmes chargées de la corvée d’eau lors des déplacements en soirée. Ensuite, cette eau, utilisée pour boire, cuisiner et se laver, causait fréquemment des maladies hydriques comme la diarrhée et la typhoïde, particulièrement chez les enfants et les nouveau-nés. Le manque d’eau empêchait également la pratique du maraîchage, essentiel pour l’alimentation locale, surtout dans une zone où les températures dépassent les 40°C. Montés et opéré avec notre partenaire local, APIT Humanitaire et Développement, le projet permet la construction d’un réseau d’eau potable, la mise en place d’ateliers de sensibilisation sur l’hygiène et la gestion de l’eau. Le projet a été soutenu par l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse, de la métropole Aix-Marseille, de Toulouse Métropole, de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, de la mairie de Bokiladji, de la fondation Eurofins, de l’Office des Forages Ruraux du Sénégalet du Réseau 11. 

C’est sur le point de la sensibilisation que notre projet prend une dimension supplémentaire : il ne s’agit pas seulement de fournir des infrastructures, mais aussi de transmettre les connaissances et les outils nécessaires pour garantir leur pérennité. À travers ces formations, nous accompagnons la population vers une gestion durable en favorisant leur autonomie. 

Vélingara : L’appui aux populations locales et aux écoles pour l’accès à l’eau et l’assainissement et le renforcement des modes de gestion locaux  

Trop souvent négligé, l’assainissement est pourtant un facteur clé de santé publique. Dans le département de Vélingara, plus de la moitié de la population n’a pas accès à des latrines normées, ce qui pose un problème sanitaire majeur, dans une zone où la nappe phréatique est très proche. Notre projet vise à améliorer les conditions sanitaires et d’accès à l’eau, en mettant en place des infrastructures adaptées et en sensibilisant la population à leur usage et à leur entretien. Il est mené avec l’Agence de l’eau Adour-Garonne, Grand Lyon, l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse, Toulouse Métropole, la fondation Suez et la Communauté d’Agglomération de Béthune Bruay. 

Le quartier de Nassouroulahi, en périphérie au Nord-Ouest de la ville, est particulièrement touché par les problématiques d’accès à l’eau et l’assainissement. Pour y répondre, le projet, mené en partenariat avec l’ONG APIT Humanitaire-Développement, prévoit l’extension du réseau d’eau de la SONES pour permettre le branchement d’environ 175 ménages et des lieux communautaires du quartier. Par ailleurs, il propose de travailler sur l’assainissement dans les trois écoles, le collège et les deux centres de santé du quartier en y construisant des latrines, mais en proposant aux parties prenantes locales, autorités ou de la société civile, de participer à la définition d’un mode de gestion des infrastructures sanitaires scolaires. Finalement, le projet prévoit également de renforcer les associations du quartier sur les volets de sensibilisation aux bonnes pratiques en hygiène, et de mener des campagnes de sensibilisation publiques et scolaires grâce à l’intervention d’APIT.  

Vers une gestion intégrée de l’eau 

L’eau et l’assainissement sont des leviers de transformation sociale et économique. Ils permettent d’améliorer la santé publique, de réduire les inégalités de genre et les inégalités sociales, de libérer du temps pour l’éducation et le travail et de renforcer l’autonomie des populations. Nos actions au Sénégal nous enseignent une leçon essentielle : l’accès à l’eau et à l’assainissement ne peut être garanti sans une gestion réfléchie et inclusive. Chaque projet ne se limite pas à la mise en place d’infrastructures, il s’accompagne d’une sensibilisation et d’une implication des populations pour assurer une gestion autonome et durable. L’avenir repose sur une approche intégrée, alliant infrastructures, gouvernance et sensibilisation. 

 

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