Portrait de Sana, formée EOD niveau 3 au Sinjar – Portrait of Sana, level 3 EOD trainee in Sinjar
- Introduction et contexte :
# Pouvez-vous nous parler un peu de vous et de votre parcours pour devenir démineuse ?
Je m’appelle Sana Khalaf et je viens du district de Sinjar. Je suis diplômée de l’université et titulaire d’une licence. J’ai rejoint le secteur du déminage en 2020. J’ai commencé en tant qu’agent de liaison communautaire auprès d’une ONG locale. Ce rôle m’a vraiment incité à adhérer à l’idée des opérations de déminage pour soutenir les personnes en danger. Je comprends à quel point il est important d’éliminer les risques de notre communauté. En tant que jeune femme, je vois l’opportunité de contribuer à ma communauté de Sinjar et je veux prouver que je peux jouer un rôle positif dans l’amélioration de la sécurité. Je veux être un modèle pour mes camarades jeunes femmes, en montrant que nous pouvons avoir un impact significatif.
# Comment avez-vous été impliquée dans le projet Safer Sinjar géré conjointement par HAMAP-Humanitaire et SHO ?
J’ai d’abord vu une annonce pour le poste, j’ai postulé, j’ai passé un entretien et je suis heureuse d’avoir été acceptée. HAMAP-Humanitaire et SHO ont donné à chacun une chance égale de participer au projet. Le processus équitable a permis à chacun d’avoir une chance d’être impliqué.
# Comment conciliez-vous vos responsabilités familiales avec votre travail exigeant de démineuse ?
Il n’est pas facile de trouver un équilibre, mais je peux compter sur le soutien de mon mari. Ses encouragements et sa foi inébranlables en mon travail sont d’une importance capitale pour moi. Non seulement il soutient ma décision de continuer à travailler, mais il rayonne de fierté lorsqu’il parle de mon dévouement à apporter la sûreté et la sécurité à notre peuple à Sinjar lors des réunions de famille. Son soutien alimente ma passion et me rappelle pourquoi ce travail est si important.
# À quoi ressemble une journée typique pour vous, qui jonglez entre le travail sur le terrain et les tâches domestiques ?
Pendant l’été, je me réveille à 3h30 du matin, je me rends sur le terrain avec l’équipe et j’y reste jusqu’à 13h. La chaleur est intense et épuisante, mais cela fait partie du travail. Lorsque je rentre chez moi, je dois encore m’occuper des tâches ménagères telles que le nettoyage, la cuisine et l’accueil d’invités. Malgré les défis, travailler sur le terrain, c’est comme faire partie d’une famille très unie. Nous nous soutenons les uns les autres tout au long de la journée et restons en contact même après les heures de travail.
# Quelles ont été les premières réactions de votre famille et de votre communauté lorsque vous avez décidé de poursuivre cette carrière ?
Presque tout le monde est surpris et dit « wow » quand ils voient comment je gère ce travail difficile. Ils considèrent souvent qu’il s’agit d’un domaine dominé par les hommes. Par exemple, ma mère exprime quotidiennement son inquiétude et prie pour ma sécurité. Je travaille avec les membres féminins de mon équipe pour montrer que les femmes peuvent accomplir les tâches les plus difficiles. Nous voulons montrer à notre société qu’assurer la sécurité et la stabilité est une responsabilité qui incombe à tout le monde et que personne ne doit être marginalisé.
# Quels sont les plus grands défis auxquels vous avez été confrontée en tant que femme travaillant dans un domaine traditionnellement dominé par les hommes au Sinjar ?
Je ne considère pas qu’il s’agisse d’un défi majeur, même si cela a un impact sur nos routines quotidiennes. Par exemple, alors que mes amis peuvent préparer une fête une semaine à l’avance, ce n’est pas toujours possible pour moi et mes collègues démineuses. Nous devons gérer notre emploi du temps avec soin, ce qui peut affecter nos interactions sociales et notre participation à de tels événements.
# Comment les attentes culturelles et les normes sociétales ont-elles influencé votre parcours en tant que démineuse ?
On pense souvent que les femmes doivent rester à la maison tandis que les hommes s’occupent de tous les moyens de subsistance de la famille. Cette croyance peut parfois influencer la façon dont la société perçoit les démineuses. Malgré cela, mon mari me soutient sans réserve et m’encourage en me disant : « Servez-vous des doutes des gens comme d’une échelle pour vous élever et mettre en valeur vos réussites. » Son soutien m’aide à surmonter les défis sociétaux et à poursuivre mes objectifs.
- Renforcement des capacités internes :
# Quels types de formations techniques et non techniques avez-vous suivis dans le cadre du projet Safer Sinjar ?
J’ai participé à quatre sessions de formation à long terme avec SHO et HAMAP-Humanitaire. En outre, j’ai suivi des cours de premiers secours et je participe régulièrement à des sessions de remise à niveau, notamment en ce qui concerne la reconnaissance des munitions et la recherche avancée dans les zones à haut risque. Ces expériences de formation m’ont également préparé à participer à la formation de niveau 3 en matière de neutralisation des explosifs et munitions au Liban.
# Comment ces cours vous ont-ils préparé aux défis auxquels vous êtes confronté dans votre travail quotidien ?
Lorsque j’ai commencé à travailler, j’avais des connaissances limitées en matière de déminage et je ne pouvais reconnaître que quelques types d’explosifs. Cependant, grâce aux cours de formation développés par HAMAP-Humanitaire et SHO, ma compréhension du domaine de l’action antimines s’est considérablement élargie. Ces cours ont joué un rôle crucial dans la gestion efficace de nos opérations quotidiennes. L’aspect le plus important de la formation est l’accent mis sur la sécurité en tant que priorité absolue. Nous ne nous contentons pas de travailler avec diligence, nous veillons également à travailler en toute sécurité.
- Formation avancée EOD niveau 3 :
# Comment avez-vous été sélectionné pour participer à la formation avancée EOD niveau 3 au Liban ?
J’ai commencé mon travail de démineur avec une grande passion et un fort désir de m’améliorer dès le premier jour. C’est ce dévouement qui m’a permis d’être sélectionné pour suivre la formation de niveau 3 en matière de neutralisation des explosifs et des munitions. Selon mes formateurs, mon attention et mon engagement à l’égard de la formation étaient évidents, car je m’efforçais d’être le meilleur parmi mes pairs. J’ai également démontré mes compétences techniques sur le terrain. J’ai cherché activement à acquérir des connaissances en posant de nombreuses questions à notre superviseur, à l’opérateur IED et à l’assistant du responsable des opérations, dans le but d’en apprendre toujours plus et d’acquérir une compréhension globale de notre domaine.
# Que pensez-vous du fait d’avoir participé à cette formation avancée au Liban ?
C’était la première fois que je restais loin de ma famille et de mes amis, et je me sentais un peu seul. Cependant, les connaissances que j’ai acquises quotidiennement ont contribué à atténuer cette solitude. Je me suis sentie en pleine confiance dans l’enceinte de l’école, où les formateurs étaient attentifs et s’assuraient que je comprenais bien la matière. En outre, j’étais heureuse de découvrir le Liban et de rencontrer ses habitants chaleureux et solidaires. Bien que je sois la seule femme participant à la formation, les formateurs et les camarades de classe m’ont traitée comme leur fille ou leur sœur.
# Quelles compétences et connaissances spécifiques avez-vous acquises grâce à cette formation ?
Tout d’abord, j’ai beaucoup appris sur les mesures, comme la détermination des distances de sécurité. Bien que j’aie eu du mal avec les mathématiques au départ, les méthodes directes des formateurs m’ont permis d’assimiler les concepts beaucoup plus facilement. Deuxièmement, j’ai acquis des compétences pour classer rapidement les différents types d’explosifs. Troisièmement, j’ai eu l’occasion de voir la plupart des explosifs réels, ce qui était une nouvelle expérience par rapport au travail avec des matériaux inertes et a facilité leur compréhension. Enfin, j’ai géré un processus d’explosion, ce qui était à la fois fascinant et agréable.
# Comment comptez-vous appliquer les connaissances et les compétences que vous avez acquises grâce à cette formation avancée dans votre travail sur le terrain ?
Tout d’abord, je veux partager les connaissances que j’ai acquises avec mes amis. Deuxièmement, si je deviens chef d’équipe, je mettrai en œuvre les méthodes et les techniques que j’ai apprises. Je compte appliquer différentes approches sur le terrain. Je préconise également l’utilisation de la thermite, que je considère comme une solution pratique pour neutraliser rapidement les menaces explosives.
# Pouvez-vous nous faire part d’expériences ou d’enseignements mémorables tirés de votre séjour au Liban ?
J’aimerais vous faire part de deux expériences mémorables. Tout d’abord, lorsque HAMAP-Humanitaire a trouvé un appartement pour mon mari et moi, nous avons été accueillis très chaleureusement le premier soir. Le propriétaire de l’appartement nous a apporté de la nourriture et nous a dit : « Vous êtes nos invités ». Ce geste a mis en évidence l’ouverture et la tolérance de la communauté locale.
Deuxièmement, lors de la préparation d’un voyage à Beyrouth, nous avions réservé un taxi à l’avance. Cependant, une urgence a empêché le taxi d’arriver. Alors que nous attendions un autre taxi sur le bord de la route, un chauffeur de voiture privée s’est arrêté et nous a offert de nous rendre à Beyrouth, refusant toute rémunération pour sa gentillesse. Ces expériences prouvent également que l’humanité existe toujours et que le monde est rempli de personnes gentilles et généreuses.
- Apprentissage professionnel auprès des collègues :
# Quelles sont les leçons les plus précieuses que vous avez apprises de vos pairs dans le cadre de votre travail sur le terrain ?
J’ai beaucoup appris sur le travail d’équipe en travaillant avec des professionnels expérimentés qui ont de nombreuses années d’expérience sur le terrain. Bien que nous soyons relativement novices en matière de lutte contre les mines, leur expertise et leur esprit de collaboration ont été d’une valeur inestimable. En outre, j’ai eu un aperçu des différences entre les approches humanitaires et militaires dans le domaine de la lutte contre les mines.
# Comment vos collègues et vous échangez efficacement les connaissances et les meilleures pratiques lors des sessions de formation et du travail sur le terrain ?
Dans notre classe, nous avons discuté ouvertement de nos expériences respectives. Alors que nous avions plus d’expérience avec les engins explosifs improvisés, ils connaissaient bien les opérations de neutralisation des explosifs et munitions. Malgré ces différences, nous étions tous d’accord sur l’importance cruciale d’éliminer les risques de nos communautés et de respecter strictement les procédures de sécurité.
# Comment vos collègues et vous avez acquis des connaissances et appris des conseillers techniques de HAMAP-Humanitaire pendant les sessions de formation ou le travail sur le terrain ?
Avant le début de la formation, le conseiller HAMAP-Humanitaire s’est assuré que nous étions bien préparés en nous fournissant un grand nombre d’informations. Il nous a fourni des connaissances détaillées sur le contenu de la formation, y compris les aspects théoriques et pratiques que nous allions couvrir. En outre, il nous a fourni des lignes directrices complètes sur les procédures et les attentes en matière de rapports. Cette préparation était cruciale pour nous permettre de comprendre la portée de la formation et d’appliquer efficacement les connaissances et les compétences que nous étions sur le point d’acquérir. Grâce à ce travail de fond, nous avons tous les trois réussis à passer avec succès les examens de formation.
# Pouvez-vous nous faire part d’un cas précis où l’apprentissage auprès des conseillers techniques de HAMAP-Humanitaire a eu un impact significatif sur vos compétences ou votre approche du travail ?
J’ai beaucoup appris des conseillers HAMAP-Humanitaire. Leur évaluation de nos capacités et leurs conseils perspicaces ont grandement éclairé notre chemin. Leurs conseils ont considérablement amélioré mes connaissances, et je me souviens constamment de leurs conseils, tant pendant le travail sur le terrain que pendant la formation.
- Une grande vision de la sécurité :
# Quelle est votre vision globale de l’amélioration de la sécurité dans les communautés touchées par les munitions explosives ?
Nos communautés sont confrontées à des risques importants en raison des conflits et des guerres en cours. Mon objectif est de faire en sorte que les enfants puissent aller à l’école ou jouer sans que leurs parents s’inquiètent constamment de leur sécurité. Je pense que notre travail y contribue en facilitant l’accès à des services essentiels comme l’eau et l’électricité. Par exemple, lorsque nous déblayons des zones dangereuses à proximité d’infrastructures vitales, comme un réseau d’eau principal, nous aidons le gouvernement à réparer les canalisations endommagées. Nous aidons également les agriculteurs à accéder à leurs terres, ce qui leur permet de fournir des moyens de subsistance essentiels à leurs familles. En tant que démineuse, je me concentre particulièrement sur l’autonomisation des femmes, qui jouent souvent un rôle central dans l’éducation et le soutien de leurs enfants. En éliminant les menaces de leur environnement, je contribue à créer un environnement plus sûr pour ces femmes et leurs familles.
- Aspirations futures :
# Quels sont vos objectifs futurs après la formation avancée ?
Je pense que les menaces existeront toujours dans le monde, mais je m’engage à continuer à travailler dans ce domaine pour apporter mon soutien là où il est nécessaire. Par exemple, dans des régions comme l’Europe et le Moyen-Orient, où les conflits persistent, je m’engage à étendre mes efforts pour aider à débarrasser les terres des explosifs. Ce travail est essentiel pour permettre aux civils de retrouver une vie normale et sûre.
# Comment pensez-vous que cette formation contribuera à votre développement professionnel et à la réussite des projets de SHO ?
La formation a amélioré mes connaissances à 100 %. Je suis originaire de cette communauté et je vis ici. Je resterai au sein de SHO et j’essaierai de partager les connaissances que j’ai acquises avec mes collègues. Cela permet à SHO de s’appuyer davantage sur les capacités locales et fait de SHO une ONG qui peut également aider d’autres ONG locales à se développer. Je pense que ce transfert de connaissances est très important pour les ONG locales.
- Réflexions finales :
# Y a-t-il autre chose que vous aimeriez partager au sujet de votre expérience ou des programmes de formation ?
Je tiens à exprimer ma profonde gratitude à HAMAP-Humanitaire pour son soutien exceptionnel. Dans une communauté qui reste relativement fermée, l’assistance de HAMAP-Humanitaire a été incroyablement rassurante. Le geste extraordinaire qu’ils ont fait en parrainant mon mari pour qu’il m’accompagne pendant la formation est à la fois remarquable et rare. Le fait d’avoir mon mari à mes côtés a considérablement renforcé ma confiance en moi et m’a procuré un sentiment de sécurité. Ce soutien est essentiel pour permettre aux démineuses de progresser dans leur carrière, même au-delà des frontières de l’Iraq. Malheureusement, dans notre communauté, les femmes ne peuvent souvent pas sortir sans être accompagnées, ce qui rend ce soutien encore plus important.
# Avez-vous des conseils à donner à d’autres femmes qui souhaiteraient faire carrière dans le déminage ?
Je tiens à souligner que les femmes sont tout à fait capables de faire ce que les hommes peuvent faire. Nous ne devrions jamais nous considérer comme inférieures. Il est important pour nous de prouver nos capacités et de démontrer que nous pouvons assurer la sécurité de nos communautés aussi efficacement que les hommes. Aucune femme ne devrait jamais être intimidée par les jugements ou les opinions de la société. Nous sommes profondément attachées à notre communauté, nous respectons nos traditions et nous sommes impatientes de la servir et de la protéger.
# Comment espérez-vous que votre travail et vos réalisations auront un impact sur d’autres femmes de Sinjar et de communautés similaires ?
Je veux prouver que je suis puissante et capable. Ma réussite servira d’inspiration à d’autres pour travailler et contribuer à notre communauté. En tant que femmes, nous serons les mères des générations futures. Le travail que nous accomplissons aujourd’hui aura un impact durable, et nos enfants seront fiers des changements significatifs que nous avons réalisés aux côtés des hommes.
# Quels changements aimeriez-vous voir dans votre communauté en ce qui concerne le rôle des femmes et les possibilités qui leur sont offertes dans des domaines non traditionnels ?
J’ai appris que j’étais la seule femme irakienne à suivre le niveau 3 de l’EOD, et cela m’a attristée. Il est inquiétant de voir des écarts aussi importants entre les hommes et les femmes. Nous devons encourager les membres de nos familles, nos proches et tous les autres à aider les femmes à contribuer à la reconstruction de notre pays. Si nous ne nous attaquons pas à ce problème maintenant, nos enfants seront confrontés à des défis encore plus grands à l’avenir.
Glossaire :
En français : NEDEX : neutralisation, enlèvement, destruction des explosifs – En anglais : EOD : explosive ordnance disposal
En français : EEI : Les engins explosifs improvisés et EEC : engins explosifs de circonstance – en anglais : IED : Improvised Explosive Device
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- Introduction and Background:
# Can you tell us a bit about yourself and your journey to becoming a deminer?
I am Sana Khalaf from Sinjar district. I graduated from university and have a bachelor’s degree. I joined mine action field in 2020. I have started as a Community Liaison Officer (CLO) with a local NGO. This role has truly inspired me to embrace the idea of clearance operations to support people who are at risk. I understand how important it is to remove risks from our community. As a young woman, I see the opportunity to contribute to my Sinjar community and want to prove that I can play a positive role in enhancing security. I aim to be a role model for my fellow young women, demonstrating that we can make a meaningful impact.
# How did you become involved with the joint Safer Sinjar project managed by HAMAP-Humanitaire and SHO?
I first saw an advertisement for the position, applied, was interviewed, and am pleased to have been accepted. HAMAP and SHO provided everyone with an equal opportunity to participate in the project. The fair process ensured that everyone had the chance to be involved.
# How do you balance your household responsibilities with your demanding work as a deminer?
Making balance is not easy; yet, I have the support of my husband. His unwavering encouragement and belief in my work mean the world to me. He not only supports my decision to keep working but also beams with pride as he talks about my dedication to bringing safety and security to our people in Sinjar during family gatherings. His support fuels my passion and reminds me why this work is so important.
# What does a typical day look like for you, juggling both fieldwork and home duties?
I woke up at 3:30 AM during the summer, headed to the field with the team, and stayed there until 1:00 PM. The heat is intense and exhausting, but it’s part of the job. When I return home, I still need to handle household responsibilities like cleaning, cooking, and hosting guests. Despite the challenges, working in the field feels like being part of a close-knit family. We support each other throughout the day and remain connected even after working hours.
# What were some of the initial reactions from your family and community when you decided to pursue this career?
Almost everyone is surprised and says “wow” when they see how I manage this challenging work. They often view it as a male-dominated field. For instance, my mom expresses her concern daily and prays for my safety. I am working alongside my female team members to demonstrate that women can handle the toughest tasks. We aim to show our society that ensuring safety and stability is a responsibility for everyone and that no one should be marginalized.
# What are some of the biggest challenges you have faced as a woman working in a traditionally male-dominated field in Shingal?
I don’t see it as a major challenge, though it does impact our daily routines. For instance, while my friends might prepare for a party a week in advance, this isn’t always possible for me and my fellow female deminers. We need to manage our schedules carefully, which can affect our social interactions and participation in such events.
# How have cultural expectations and societal norms impacted your journey as a deminer?
It is often believed that women should stay at home while men handle all the family’s livelihood. This belief can sometimes influence how society views female deminers. Despite this, my husband supports me wholeheartedly and encourages me with the words, “Use people’s doubts as a ladder to rise above and showcase your achievements.” His backing helps me overcome societal challenges and continue pursuing my goals.
- Internal Capacity-Building:
# What types of technical and soft skills training courses have you undergone with the Safer Sinjar project?
I have participated in and completed four long-term training sessions with SHO and HAMAP. In addition to these, I have taken first aid courses and regularly engage in refresher training sessions, including ammunition recognition and advanced searching in high-risk areas. These training experiences have also prepared me to participate in EOD Level 3 training in Lebanon.
# How have these courses prepared you for the challenges you face in your day-to-day work?
When I first joined, I had limited knowledge about demining and could only recognize a few types of explosives. However, through the training courses developed by HAMAP and SHO, my understanding of the mine action field has significantly expanded. These courses have been crucial in managing our daily operations effectively. The most important aspect of the training is its emphasis on safety as the top priority. We not only work diligently but also ensure that we work safely.
- Advanced EOD Level 3 Training:
# How were you selected to attend the advanced EOD Level 3 Training in Lebanon?
I began my role as a deminer with great passion and a strong desire to improve from day one. This dedication led to my selection for EOD Level 3 Training. According to my trainers, my attentiveness and commitment to the training were evident, as I strived to be the best among my peers. I also demonstrated my technical skills in the field. I actively sought knowledge by asking numerous questions to our supervisor, IED operator, and Ops Manager assistant, always aiming to learn more and gain a comprehensive understanding of our field.
# How do you feel about attending this advanced training in Lebanon?
It was my first time staying away from my family and friends, and I felt a bit lonely. However, the knowledge I gained daily helped alleviate that loneliness. I felt fully confident within the school compound, where the trainers were attentive and ensured I understood the material. Additionally, I was happy to experience Lebanon and meet its warm, supportive people. Although I was the only woman in the training, the trainers and classmates treated me like their daughter or sister.
# What specific skills and knowledge have you gained from this training?
Firstly, I learned a great deal about measurements, such as determining safe distances. Although I struggled with math initially, the trainers’ straightforward methods made it much easier for me to grasp the concepts. Secondly, I gained skills in quickly classifying different types of explosives. Thirdly, I had the opportunity to see most real explosives, which was a new experience compared to working with inert materials and made understanding them easier. Finally, I managed an explosion process, which was both fascinating and enjoyable.
# How do you plan to apply the knowledge and skills you’ve acquired from this advanced training in your fieldwork?
Firstly, I want to share the knowledge I’ve acquired with my friends. Secondly, if I become a team leader, I will implement the methods and techniques I’ve learned. I plan to apply different approaches on the ground. I also advocate for using thermite, which I believe is a practical solution for quickly neutralizing explosive threats.
# Can you share any memorable experiences or insights from your time in Lebanon?
I would like to share two memorable experiences. First, when HAMAP arranged an apartment for my husband and me, we received a very warm welcome on our first evening. The apartment owner brought us food and said, « You are our guests. » This gesture highlighted the openness and tolerance of the local community.
Second, while planning a trip to Beirut, we had booked a taxi in advance. However, an emergency prevented the taxi from arriving. As we waited by the roadside for another cab, a private car driver stopped and offered us a ride to Beirut, refusing any payment for his kindness. These experiences also prove that humanity still exists and that the world is filled with kind and generous people.
- Professional Learning from Colleagues:
# What are some of the most valuable lessons you have learned from your peers while working in the field?
I have learned a great deal about teamwork from working with experienced professionals who have many years in the field. Although we were relatively new to mine action, their expertise and collaborative spirit were invaluable. Additionally, I gained insight into the differences between humanitarian and military approaches in mine action.
# How do you and your colleagues effectively share knowledge and best practices during training sessions and fieldwork?
In our class, we engaged in open discussions about our respective experiences. While we had more experience with IEDs, they were well-versed in EODs. Despite these differences, we all agreed on the critical importance of removing risks from our communities and strictly adhering to safety procedures.
# How do you and your colleagues gain insights and learn from HAMAP technical advisors during training sessions or fieldwork?
Before the training commenced, the HAMAP Advisor ensured we were thoroughly prepared by providing an extensive amount of information. He equipped us with detailed knowledge about the training content, including the theoretical and practical aspects we would be covering. Additionally, he provided us with comprehensive guidelines on reporting procedures and expectations. This preparation was crucial for us to understand the scope of the training and to effectively apply the knowledge and skills we were about to acquire. Thanks to this thorough groundwork, all three of us were able to pass the challenging training exams successfully.
# Can you share a specific instance where learning from HAMAP technical advisors significantly impacted your skills or approach to your work?
I have learned a great deal from the HAMAP advisors. Their evaluation of our capabilities and their insightful advice have greatly illuminated our path. Their guidance significantly enhanced my knowledge, and I consistently recall their advice both during fieldwork and throughout the training.
- Big Vision for Safety:
# What is your overarching vision for enhancing safety in the communities affected by explosive ordnances?
Our communities face significant risks due to ongoing conflicts and wars. My goal is to ensure that children can go to school or play without their parents constantly worrying about their safety. I believe our work contributes to this by facilitating access to essential services like water and electricity. For instance, when we clear hazardous areas near vital infrastructure, such as a main water network, we help the government repair damaged pipes. We also assist farmers in accessing their lands, thereby providing crucial sources of livelihood for their families. As a female deminer, I am particularly focusing on empowering women, who often play a central role in raising and supporting their children. By removing threats from their surroundings, I help create a safer environment for these women and their families.
- Future Aspirations:
# What are your future goals after the advanced training?
I believe that threats will always exist in the world, but I am committed to continuing in this field to provide support wherever it is needed. For example, in regions like Europe and the Middle East, where conflicts persist, I am dedicated to extending my efforts to help clear lands of explosives. This work is crucial for enabling civilians to return to a normal, safe life.
# How do you think this training will contribute to your professional growth and the success of SHO’s projects?
The training increased my knowledge 100%. I am from this community and live here. I will remain with SHO and try to share my collected knowledge with my colleagues. This makes SHO more rely on local capacities and makes SHO an NGO, which can also support other local NGOs to develop. I think this knowledge transfer is very important among local NGOs.
- Final Thoughts:
# Is there anything else you would like to share about your experience or the training programs?
I want to express my deep gratitude to HAMAP for their exceptional support. In a community that remains relatively closed, HAMAP’s assistance has been incredibly reassuring. Their extraordinary gesture of sponsoring my husband to accompany me during the training is both remarkable and rare. Having my husband by my side has significantly boosted my confidence and provided a sense of security. This support is crucial for enabling female deminers to advance their careers, even beyond Iraq’s borders. Unfortunately, in our community, women often cannot go out without accompaniment, making this support even more significant.
# Do you have any advice for other women who might be interested in pursuing a career in demining?
I want to emphasize that women are fully capable of doing whatever men can do. We should never view ourselves as inferior. It is important for us to prove our abilities and demonstrate that we can ensure the safety of our communities just as effectively as men. No woman should ever be intimidated by societal judgments or opinions. We are deeply committed to our community, respect our traditions, and are eager to serve and protect it.
# How do you hope your work and achievements will impact other women in Shingal and similar communities?
I want to prove that I am powerful and capable. My success will serve as an inspiration for others to work and contribute to our community. As women, we will be the mothers of future generations. The work we do today will leave a lasting impact, and our children will be proud of the significant changes we achieved alongside men.
# What changes would you like to see in your community regarding women’s roles and opportunities in non-traditional fields?
I was informed that I am the only woman from Iraq attending EOD Level 3, and it saddened me. It’s concerning to see such significant gaps between men and women. We need to encourage our family members, relatives, and everyone else to support women in contributing to rebuilding our country. If we don’t address this now, our children will face even greater challenges in the future.