À Timbi-Tounni, en Guinée, l’horizontalité comme moteur de durabilité d’un projet
Dans les zones rurales de Guinée, l’accès à l’eau potable reste un défi majeur, particulièrement dans les communes éloignées où les infrastructures sont souvent insuffisantes. À Timbi-Tounni, une commune de la préfecture de Pita, ce défi a été relevé grâce à un projet ambitieux qui a transformé la vie de près de 10 000 usagers. Contrairement à de nombreuses initiatives limitées aux milieux urbains déjà dotés d’infrastructures, ce projet cible une zone rurale où les besoins sont souvent criants. Ce projet est mené par HAMAP-Humanitaire, en partenariat avec l’Association pour le Développement de Timbi-Tounni (ADTTF) grâce au soutien financier du Syndicat des Eaux d’Île-de-France (SEDIF), la collaboration de MTK Services, de l’entreprise TCM et de l’UGSPE. Ce qui distingue ce projet, c’est son approche horizontale, qui place la gouvernance locale et la coopération entre les différents acteurs au cœur de sa mise en œuvre. Loin de se limiter à une solution technique imposée de l’extérieur, ce projet a impliqué activement les populations locales dans les étapes du processus. Cette horizontalité a renforcé l’indépendance des bénéficiaires et assuré la pérennité des infrastructures, garantissant une gestion autonome durable du réseau d’eau.
La réalité pesante d’un accès limité à l’eau à Timbi-Tounni
La Guinée accuse un déficit de 10 400 points d’eau, un chiffre qui devrait atteindre 18 000 d’ici 2030, compromettant sérieusement l’objectif de développement d’accès universel à l’eau potable. À ce rythme, environ cinq millions de Guinéens, soit 43 % de la population, risquent de rester sans accès à une source d’eau sécurisée. À Timbi-Tounni, la situation était particulièrement critique. Le réseau d’adduction d’eau, construit dans les années 1990, ne couvrait qu’environ 10 % des besoins de la localité. Les habitants devaient donc se tourner vers des sources non sécurisées, souvent éloignées, pour leurs besoins quotidiens. Cette situation impactait surtout les femmes et les filles, qui consacraient plusieurs heures par jour à parcourir de longues distances pour collecter de l’eau. Ce travail harassant limitait leur accès à l’éducation et à des activités économiques, tout en aggravant leur exposition à des risques liés à l’insécurité.
Un projet ambitieux pour répondre à ces besoins pressants
Depuis trois ans, un projet d’envergure a été mis en œuvre pour transformer la situation à Timbi-Tounni. Avec un coût global de 500 000 euros, ce projet est financé à hauteur de 300 000 euros par le SEDIF. Les résultats sont concrets et mesurables : 50 kilomètres de réseau d’eau ont été construits, connectant 270 foyers via des branchements privés et installant une vingtaine de bornes-fontaines, permettant ainsi à environ 10 000 usagers d’accéder à l’eau potable. Un réservoir de 160 m³ a été construit, couplé à un système de pompage fonctionnant à l’énergie solaire, garantissant une gestion énergétique plus durable. Le 19 octobre 2024 a marqué une étape importante, célébrant une avancée significative dans la lutte contre le déficit en eau dans cette région.
La réussite de ce projet est aussi celle de nos partenaires. La gestion des infrastructures a été facilitée par la conception d’un logiciel développé par l’entreprise guinéenne TCM. Grâce à ce logiciel, nous pouvons suivre les résultats d’exploitations et indicateurs financés liés au réseau d’eau et ce, même à distance. Au quotidien c’est l’UGSPE qui a la charge de l’exploitation du réseau pour le compte de la commune.
L’horizontalité : moteur d’autonomie et de durabilité
Loin des projets traditionnels où les solutions sont souvent imposées de manière verticale et standardisée, ce projet a été co-construit avec les acteurs locaux, garantissant ainsi une véritable adhésion et une appropriation des infrastructures. L’ADTTF a joué un rôle central dans ce processus. Elle a mobilisé les populations pour assurer une participation active à toutes les étapes du projet. Cette mobilisation a permis de sensibiliser les habitants à l’importance de l’accès à l’eau potable, mais aussi de créer un véritable sentiment d’appartenance et de responsabilité envers le projet. Ce processus a été appuyé par l’association Villageois 2.0, qui a organisé plusieurs activités de communication et de sensibilisation auprès des usagers et usagères. Cette tribune a permis aux habitants de s’exprimer sur le projet, sur la gouvernance de l’eau, et d’échanger des idées sur l’amélioration de la gestion de l’eau au niveau local. Ces discussions ont renforcé la légitimité et l’acceptation du projet par la population, tout en mettant en lumière les enjeux locaux. Pour assurer la durabilité du projet, une formation technique a été dispensée par MTK Services. Cette entreprise a formé les équipes locales afin qu’elles puissent assurer la gestion quotidienne du réseau et intervenir en cas de défaillance. Cette formation continue est un élément fondamental de l’approche horizontale, car elle permet aux communautés locales de maintenir le système en toute autonomie, sans dépendre systématiquement des ressources extérieures.
Ce projet a été conçu dans une logique d’autonomie et de souveraineté des communautés locales, en veillant à ce que les solutions soient co-construites et enracinées dans les réalités culturelles et géographiques spécifiques. Contrairement à certaines initiatives de développement qui peinent parfois à perdurer faute d’adhésion locale ou d’adaptation suffisante, cette démarche privilégie l’approbation par les acteurs locaux et leur participation. En leur transmettant les outils et les compétences nécessaires, le projet vise à réduire les dépendances externes et à renforcer leur capacité à gérer et à développer leurs propres gestions de manières durables et indépendante.
Ce projet à Timbi-Tounni démontre que des solutions durables et adaptées aux réalités locales sont possibles, grâce à la coopération horizontale et à l’implication active des communautés. Ce modèle de gouvernance, de formation et de co-construction pourrait inspirer de nombreuses autres initiatives pour relever les défis de l’accès à l’eau en Guinée et ailleurs.
Pour poursuivre cette mission et multiplier ces projets essentiels, HAMAP-Humanitaire continue de s’engager aux côtés des populations les plus vulnérables. Votre soutien permet de garantir la pérennité de ces actions et de faire une réelle différence sur le terrain. Faites un don pour nous aider à transformer d’autres vies et à bâtir un avenir plus juste et plus durable pour tous.
Ils parlent du projet :
Africa Guinée
- Réunion avec le Service National des Points d’Eau Potable (SNAPE)
- Inauguration du réseau d’eau de Timbi Tounni
Villageois 2.0, association guinéenne basée à Labé et spécialiste de l’information et des nouvelles technologies qui nous a appuyé sur les sensibilisations et informations concernant le projet
- Partage Facebook du reportage vidéo présentant les grandes réalisations du projet
- Article sur la mobilisation autour de l’eau
- Sensibilisations sur les enjeux de l’eau
Journal TV national (RTG) à partir de la minute 22:55